dimanche 19 juillet 2015

Huit jours


Hébron.

L'ami ... Que ce soit en Arabe ou en Hébreux, Hébron signifie l'ami. C'est une référence à Abraham.

En Cisjordanie, c'est cette ville qui représente le mieux la haine entre Juifs et Arabes. C'est l'endroit le plus "tendu" en Palestine après Gaza.

La raison est liée (entre autres) à deux attentats sanglants perpétrés par les deux "camps". Un en 1929 où 67 juifs furent tués par les Palestiniens et en 1994 où 29 Palestiniens furent tués par un Juif. Sans compter les nombreuses autres exactions commises par les deux camps. A cela s'est ajoutée la volonté colonisatrice des juifs orthodoxes. C'est après avoir montrer sa volonté de démanteler une colonie à Hébron qu'Yitzhak Rabin fut assassiné par un juif extrémiste.

Je pourrais continuer pendant des heures d'expliquer les raisons de cette tension, mais c'est inutile. Rien que ce que j'ai écrit là sera déjà contesté par tel ou tel partisan de ceci ou de cela ....

J'arrête ....

C'est inutile.

La photo du début de l'article, c'est celle d'une enfant Palestinienne coincée derrière des barreaux. Sa maison est entourée de colonies Israéliennes, coincée. Sur le toit, quand j'ai pris cette image, je me suis fait insulter par un colon.

Ici les colonies sont partout, là où on installe une famille juive on ferme une rue Palestinienne. On sacrifie l'économie locale pour installer des familles qui veulent vivre à côté d'Abraham. Au milieu des Palestiniens. Ici il y a 2000 soldats pour "protéger" des gens qui ont choisi volontairement de se mettre en danger.

Abraham était là bien avant que n'existe la chrétienté ou l'islam. Il est encore là, alors que depuis plus de 1500 ans il est en terre musulmane.

Pourquoi subitement son tombeau disparaitrait-il ?

Il est vénéré par les musulmans en tant que prophète. Et évidemment par les juifs, c'est le "père" du judaïsme.


Son tombeau, est actuellement entouré d'une mosquée et d'une synagogue. Ce n'est que de la mosquée que l'on peut à travers d'un tout petit trou, apercevoir la grotte où se trouvent les vraies tombes.

Des représentations des tombeaux d'Abraham et de Sarah et de ceux de Adam et Ève ; Isaac et Rébecca ;  Jacob et Léa sont partagés par la mosquée et la synagogue.

Aujourd'hui je suis allé à la mosquée. J'irai demain à la synagogue, on est samedi, c'est Chabbat, l'accès est réservé exclusivement aux juifs.










Une enfant derrière des barreaux, des morts derrière des grilles.
Des check-points dans la ville, des rues barrées par des barbelés, des grilles au dessus de notre tête pour ne pas recevoir les déchets que les colons déversent sur les Palestiniens.
Des soldats Israéliens qui patrouillent avec des chiens.



Toujours autant d'enfants "armés" de jouets dans les rues. 
Je vois leur regard sur les soldats, un mélange de peur, de haine et d'envie. L'envie d'avoir les mêmes armes qu'eux. D'être le plus fort. De faire la justice. De frimer.

Les soldats Israéliens dans la rue, ont encore des boutons de puberté sur le visage. Ils ont en moyenne à peine 7 à 8 ans de plus que les enfants Palestiniens qu'ils effraient.

Leïla pleure dans la rue, tout ça c'est trop pour elle.

La situation économique de la ville est anéantie par l'occupation Israélienne.
Le cumul des rues fermées qui ferment des commerces, du mur de séparation qui freine le tourisme et de la .... concurrence des produits "made in china" étouffe l'économie locale.

Moi je sature aussi. La gentillesse des Palestiniens ne me suffit plus.
Ils ont aussi leurs propres murs. Le premier, le plus étouffant pour moi, est le mur entre les femmes et les hommes. 
A Hébron, il y a 100% de musulmans (en dehors des colons juifs qu'ils ne côtoient pas), c'est très différent de Bethléem. Les codes hommes-femmes sont très marqués. Je ne vois pas de femmes non voilées à part des étrangères. La seule vie sociale des femmes, c'est le shopping. Le reste se passe à la maison, en privé.

Même l'accès à la mosquée est réduit pour les femmes. Il leur est conseillé de prier chez elles. De ne venir que si c'est "nécessaire"



Il ne faut pas leur serrer la main, ne pas les prendre en photo.



C'est le troisième jour de la fête de l'Aïd, les rues sont encore vides.



La journée se finit, je revois le même garçon, avec son frère. Ils ont assis tous les deux, un peu plus loin.




Le soir arrive, la petite fille est encore derrière ses barreaux.

On est dans la ville de "l'ami". Son tombeau et celui de sa femme sont derrière des grilles. On y accède par des check-points, des accès réservés, des entrées séparées.

On est dans la ville des ennemis.

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